et les beatles chantaient

"50-Dix Ans... Déjà?...!

 

   Lorsque, la peur au ventre, j'étrennais mon tout premier cartable, toi tu inaugurais la première génération de "Pampers". Les prototypes, ceux qui n'étaient pas encore agrémentés de leurs fameux petits élastiques, là, qui ont fait leur renommée et le succès mondial que l'on ne sait plus, tant c'est rentré dans les mœurs et les habitudes depuis. Mais, malgré ce détail, tu étais conscient d'avoir été à l'origine d'un évènement incroyable, que dis-je, d'une véritable révolution! Et qu'est-ce que tu as pu nous bassiner avec cette histoire, d'avoir été le premier bébé de la clinique qui t'a vu naître, à bénéficier de cette nouveauté-là!

   Puis tu as eu ta période littéraire. Ce fût l'époque où tu exerçais tes talents (toujours aussi précoces, il faut en convenir!) en réécrivant, avec ton écriture mal assurée et toujours au stylo vert (afin de contrôler où tu en étais, dans l'avancement de ton labeur), par dessus les mots de tous les petits bouts de papier que tu pouvais dénicher. Jusqu'au jour où -fier comme un jeune coq-, tu nous brandis une liste de commissions arrangée à ta manière en braillant:

  -"Regardez! Regardez tous! je sais écrire!"

   Qu'est-ce que nous avons pu rire ce jour-là (et longtemps après encore), pliés en deux que nous étions tous en lisant :

  -"1 Pfund Fleischwurst, 1/2 Pfund Leberwurst...". (1 livre de saucisse de viande, 1 demi livre de saucisse de foie)

  Tu es parti furax en nous menaçant d'un ridicule et impuissant:

  -"Gaffe, un jour je vous dépasserai!!".

   Vînt le jour -mais ce fût bien sûr beaucoup plus tard...-, où je me mis à fondre mystérieusement. Je perdis 7 kilos* en l'espace de très peu de temps. Je n'y comprenais rien. Je m'étais mise à te voir partout, mais alors absolument partout. Le matin, dès le réveil, tu étais là, près de mon bol de café au lait. A midi tu étais toujours là et après également. Tu devins dangereusement omniprésent, et moi j'avais l'impression de devenir complètement folle. Tu m'avais littéralement envahie et, quelque part, ça me faisait braire.

   Depuis l'anecdote des commisionnas-zèttalas (tickets de commissions) tu avais tellement grandi que tu te tenais légèrement voûté, comme si ta taille te gênait, t'encombrait. Mais comme cela arrangeait bien mes affaires! Ta bouche se trouvait toujours à la bonne hauteur lorsque tu venais me susurrer quelque chose à l'oreille, la droite bien sûr, mais ça tu savais très bien pourquoi.

   La couleur de tes cheveux s'harmonisait à mon humeur: ils se faisaient clairs en été, frisant presque le blond, et nettement plus sombres en hiver. Mais, par-dessus tout, tu étais, en toutes saisons, aussi beau en dedans qu'en dehors. Une savante et délicieuse alchimie... Mettons, pour ceux qui ne te connaissent pas, qu'il y aurait un peu de Grand Corps Malade pour le charme, le craquant velouté de la voix, du Christophe Lambert pour le sourire faussement timide et pour la coquetterie dans l'œil; du Antoine de Caunes (jeune!) pour le dégingandé et le muscle sec; mais également une sacrée dose d'Abbé Pierre pour la sensibilité et la bonté innée.

  Au début de notre rencontre, c'était surtout ta taille, mais plus encore, la longueur de tes cuisses qui m'impressionna, me fascina. Il y a quelque chose de beau dans une cuisse d'homme, car même rondouillette, je n'en ai jamais rencontrée qui soit truffée de cellulite comme parfois savent l'être les nôtres. Bref, de quoi me flanquer des complexes à moi et à mes gambettes de baigneur (= d'r Jean'gl)!

   Longtemps je me ruinais en vernis à ongles de toutes les couleurs. J'avais toute une palette de roses, de rouges, de bleu et de vert, parfois même des fluos, histoire d'accaparer et de détourner ton regard sur mes orteils ainsi bariolés.

   Il y eut aussi les jours de cafard, ceux où je me sentais particulièrement nulle et moche. Je ne trouvais alors rien de mieux à faire, une fois le soir venu, que d'extirper du fin fond de mon armoire, une vieille chemise de nuit molletonnée, une de celles que m'avaient cousues ma mère à une époque reculée (es war einmal... il était une fois...).

   Alors toi, pour me dérider, tu inventais et dessinais des fleurs et des animaux imaginaires en reliant entre eux avec ton doigt, ces taches disparates que le soleil a eu l'audace de broder tout partout sur ma peau.

   Et les z'anniversaires dans tout cela, me direz vous? Ma foi, ce ne sont plus des tortures depuis que -invariablement, et depuis tellement d'années déjà...-, tu as décidé de décréter, à l'aube de chaque 14 janvier que dieu fait:

  -"Bon anniversaire ma Mich', et tous mes meilleurs et doux vœux pour tes .... dix-huit ans et demi*."

 

20 Janvier 2015

 

*ce n'est pas la peine de me les rapporter, les 7 kilos en question, si vous deviez les trouver, Merci.

*par ce temps gris, il m'arrive de ranger un tiroir ou 2 et ce texte je l'ai retrouvé récemment. Je l'avais pondu en 1992 et, comme je viens d'avoir 50-dix la semaine dernière, j'ai trouvé amusant de le recopier ici,  sur mon blog. Après tout, j'ai bien le droit m'illusionner un peu, de croire, qu'il est toujours d'actualité, hum, hum.....! Non?!

 

 

 



20/01/2015
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