et les beatles chantaient

"De l'autre côté du Mur" (2ième partie)

 

.....

En début d'après-midi, nous sommes arrivés à la hauteur de Hirschberg, frontière entre les deux allemagnes, celle de l'Ouest et celle de l'Est.

Nous n'étions pas les premiers!!

Mais avant de pouvoir nous glisser dans la file d'attente déjà fort longue, il nous faut d'abord nous rendre dans un bâtiment afin d'y retirer des fiches à compléter: nos visas de transit pour avoir juste le droit de traverser l'Allemagne de l'Est, un peu mystérieuse et surtout hermétique à bon nombre de gens.

Le soleil tapait, mon ti-shirt plaquait désagréablement contre mon dos. Les voitures avançaient au compte-gouttes et tous les automobilistes coincés dans la file, avaient pris le pli de couper leur moteur après avoir grapillé l'équivalent d'une place.

Enfin notre tour arrive pour la fouille. Un jeune douanier blond, grand et grassouillet et qu'un uniforme gris rendait encore plus fade, était chargé de la besogne. Nous devions tous descendre du véhicule, ouvrir portières, coffre et capot de la 304.

 

-"Pas d'armes, de téléphone, de drogue, d'imprimés, de livres pornos?".

-"... Euuuh..., non, M'sieur".

 

Une revue, le ELLE de la semaine, traînait sur le siège arrière. Il était en train de feuilleter le magazine, mais stoppa bien vite de tourner les pages, figé devant l'image d'une demoiselle de profil, savamment dénudée, qui vantant les mérites de je ne sais plus trop quelle crème amincissante.

Aïe! 

-"Ah..., excusez-moi, Monsieur le douanier, j'ignorais que ce genre de photos était également mal perçu par chez vous".

 

-"Tenez, gardez-la, j'ai déjà tout lu ce qui m'intéressait", lui dis-je en allemand.
-"Non". Et toc!

 

Prospection terminée (quelque peu écourtée -ou troublée?..!- grâce à l'incident de la revue, mais ce n'est certes pas nous ni d'ailleurs les voitures suivantes, qui allions nous en plaindre!), on passe encore à la caisse, quelques marks pour la bonne cause: aider à financer l'entretien et la réfection des routes, et nous pouvons circuler sur les autoroutes appelées de transit.

Ouh la la, la quête ne doit pas donner des masses!! En fait dse route, celle-ci était revêtue de grandes dalles de ciment, très bruyantes. Chouette, au moins ici on ne risque pas de piquer un roupillon!

On peut même pousser le vice jusqu'à comptabiliser le nombre de dalles parcourues  par la voiture, grâce au tacatacs qui rythmaient et scandaient les tours de roues. Mais, avec le risque non négligeable de s'embrouiller et de s'emballer dans les chiffres, car les nombreuses fissures supplémentaires chamboulaient la musique des tacatacs.

 

Il y avait nettement moins de circulation de ce côté-ci, dans cette Allemagne et nous roulions presqu'exclusivement sur la voie de gauche, doublant les rares et bizarres voitures et camions un peu poussifs. Avantage non négligeable, les dalles en ciment étaient moins abîmées de ce côté-ci.

La campagne était presqu'identique que celle traversée en Allemagne de l'Ouest. Les divers panneaux publicitaires qui affublaient les ponts jetés au-dessus des autoroutes d'avant, avaient complètement disparus ici. Les coitures qui avaient le sigle DDR collé au cul, se ressemblaient presque toutes. Elles avaient des formes lourdes et rondes, un peu comme les Dauphines dont on voit encore de temps à autre quelques rares specimens sillonner les routes de France.

Tacatac, tacatac,... Nous frôlons Berlin. Il n'y a pratiquement plus de place pour d'autres destinations sur les panneaux indicatifs bleus: Berliner-Ring, Berliner-Hof, ... et Berlin je ne sais plus trop quoi encore.

Mais tout cet étalage ne nous impressionne pas outre mesure. Et, déterminés et presque sûrs de nous sur ces routes inconnues, nous ignorons et  laissons de côté tous les Berlin-machin-truc-chose et continuons de filer droit devant!

Sommes-nous toujours sur la bonne route?... La circulation s'est brusquement raréfiée depuis un bout de temps déjà. Nous nous en étions tous aperçu, je crois, sans toutefois oser le relever. Mais nous avions eu le réflexe de compter les voitures rencontrées: huit véhicules qui allaient dans la même direction que nous et cinq, six peut-être, qui nous ont croisé durant les deux dernières heures...

Et dire qu'en ce moment même, le brave Bison-Fûté doit être en train de s'arracher les poils du dos, là-bas, en France, sur des autoroutes hyper-bondées!

 

Nous approchons de la frontière polonaise. Il n'est pas loin de vingt heures lorsque nous l'atteignons. On ne s'y bouscule pas, une demi-douzaine de voitures tout au plus. Les questions d'usage mais pas de fouille. On fait confiance aux collègues de l'Allemagne de l'Est. Avec leur sens du détail, il est certain qu'aucun litige n'aurait réussi à parvenir jusqu'ici!

Nous voici donc en Pologne. La nuit va tomber. Nous ne savons pas encore où nous allons dormir, mais nous avons franchi toutes les étapes avec succès et sans embûche et nous sommes là. Enfin.

 

(à suivre)

22 NOvembre 2012

 



22/11/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 18 autres membres