"I minna zitta..."
"i minna zitta...",
Qui n'a jamais entendu cette sempiternelle expression dans sa jeunesse, serinée par un parent ou un ancien?
Aujourd'hui, à bientôt 57 ans et en visionnant avec délectation les nombreux pps que je reçois via la toile, ceux relatifs à toutes les changements intervenus et auxquels nous nous sommes adaptés; à la miniaturisation galopante de la technologie et j'en passe, je ressens une certaine nostalgie ambiante que je tente d'intégrer un tant soit peu, dans mes historiettes villageoises.
Je souris et ose à peine évoquer mes débuts dans la vie professionnelle dans ce qu'on appelait déjà à l'époque, l'informatique. Aujourd'hui, un jeune avec sa tablette ou son i-pad dans la poche, tomberait à la renverse devant ces machines et ces unités de traitement des calculs et de l'information qui occupaient quasiment un étage entier dans un immeuble, climatisé au degré près, sinon il y avait surchauffe et panne du système! Les temps vont vite et je n'ai été qu'un bien modeste maillon pendant cinq années dans cette ère informatique qui semble dater du temps des dinosaures!
L'école d'autrefois aussi, s'évoque et s'exposera à Marckolsheim prochainement.
Tout ça me fait dire qu'on aura été la première génération où un humain a pu voir la Terre depuis la Lune. C'était en juillet 1969 et la planète entière guettait ce pas, le souffle coupé à en être subjuguée. "un petit pas pour l'homme mais un grand pas pour l'humanité", serait la première phrase prononcée par un américain sautillant sur le sol caillouteux de la lune.
Mais nous sommes aussi les derniers à avoir cru qu'il fallait incontournablement une femme et un homme pour faire un enfant.
Par ailleurs, et cela semble incroyable aujourd'hui, le stylo bille n'existait pas du temps où j'apprenais à écrire. Des "gréffl" (crayon d'ardoise qui permettait d'écrire en petits caractères sur notre ardoise), des crayons de papier et surtout les plumes qu'on fichait dans des porte-plumes avant de les tremper, avec mesure, dans les encriers dont était équipé chaque pupitre, m'ont permis de tracer avec application, mes premiers mots dans mon cahier du jour.
Il n'était pas question de drogue, d'ordinateur ou de téléphone portable dans les écoles d'alors. Ca n'existait tout simplement pas. Tout comme la télévision, les congélateurs, les radars, les lasers ou les cartes de crédit. C'est chez K... Alphonse que les prémices de ce qui deviendrait bien plus tard la Spaar-kanss (banque, Crédit Mutuel, plutôt), s'esquissait, me semble-t-il.
La polio hantait encore les conversations et les esprits, mais un vaccin venait d'être trouvé et nous étions vaccinés en masse, pressés -enfants et mamans mélangés- dans des salles où règnaient cris et pleurs que personne ne parvenait à calmer.
On faisait sécher le linge dehors, accroché à des fils dans le jardin, à l'air libre. Les hommes n'avaient pas encore inventé les micro-ondes, les climatiseurs, les lave-vaisselle et même les lave-linge étaient encore fort rares.
Quand on se mariait c'était pour la vie. Chaque famille avait un papa et une maman. Il y avait des cours de morale à l'école, on nous parlait de politesse et on connaissait aussi le respect. On disait "louez soit Jésus Christ" (au début, je trouvais cette formule étrange, car je disais "gris" pour Christ!) pour saluer les soeurs de la Divine Providence qui faisaient office d'institutrices à l'école des filles de Hélsa. On allait aussi à la petite messe chaque matin à 7H10, avant d'aller à l'école où, là encore, nous disions une prière et écoutions une histoire de la Bible avant de démarrer les leçons.
On n'avait pas besoin de crèches comme garderie d'enfants. Les thérapies de groupes, jamais entendu parler de ça! Le sida on ne connaissait pas non plus. La pilule n'existait pas, celle du lendemain encore moins.
Les vies de chacun étaient modelées sur les 10 commandements. On nous avait appris très jeunes la différence entre le bien et le mal et nous étions responsables de nos actes. Servir son pays était un honneur et il y avait le service militaire.
On fréquentait nos oncles, nos cousins et cousines. On partageait notre temps à parler en famille entre parents et enfants et pas à courir les magasins, à être scotchés devant la télé et à zapper sans arrêt. On n'avait pas chacun sa télé, de radio-cassette, pas de lecteur CD, d'agenda électronique... Tout ce qu'on achetait était "fabriqué en France" et pas "Made in Japan" ou en Chine.
Il n'y avait pas de gars qui portaient des boucles d'oreille et des filles avec des bijoux sur la langue ou dans le nombril. On écoutait des romans feuilletons à la radio, ( le Elsassr onwa!, entre autres) et la musique de nos chanteurs préférés. On ne voyait alors pas de filles tomber sans connaissance pour un chanteur ou un acteur.
Pizza Hut? Mac Do? Flunch?... Nous avions des petits commerces où l'on pouvait acheter des bonbons ou des chewing-gums pour un centime la pièce. Manger des glaces, passer des coups de fil d'une cabine publique, etc... savourer des pâtisseries pour moins de 1 franc la part. Et avec le même franc, on pouvait poster deux lettres ou cartes postales.
Une belle 2CV Citroën coûtait de 5000 à 10.000,-Francs, mais qui pouvait se permettre un tel achat? ... Aujourd'hui encore il faut dépenser environ 10.000,-Euros pour une voiture neuve...
On roulait pour pas cher puisque l'essence ne coûtait que un franc le litre. A l'époque, on n'employait pas des termes comme week-end, on disait fin de semaine ou juste dimanche. Il n'y avait pas de stars mais des vedettes, on se rencontrait à la kilbe et pas sur internet....
Et avec tout ça, l'actuelle jeune génération ose sans doute nous traiter de ringards, d'être "vieux jeu", nét wonhr?...! Pppffff......
La vie a changé, certes. Beaucoup de choses et de technologies sont apparues en quelques décennies. Tout passe et s'oublie si vite...
Et plus rien n'est comme maintenant.
(Janvier 2012)