et les beatles chantaient

Les "Dernières Nouvelles d'Alsace". (depuis 140 ans....)

 

 

   - Il fût un temps où de lire le journal "Les  Dernières  Nouvelles  d'Alsace" était considéré comme subversif. Oooh.... que si!

 

 

           "Mais je vous parle d'un temps, 

            Que les moins d' cinquante ans,

            Ne peuvent pas connaître...."

 

 

   - Ce temps où d'être abonné à ce quotidien vous stigmatisait et vous cataloguait comme étant un mécréant irrécupérable et qui, de surcroît, avait le toupet de s'afficher comme tel!

 

   - Car dans maint village du Ried et sans doute bien au-delà en Alsace, les religieuses occupaient alors des postes-clés, que dis-je, des emplois  incontournables. Il y avait les soeurs institutrices qui tenaient les rennes des écoles des filles et qui pouvaient demander insidieusement  à leurs élèves si leurs parents recevaient le journal à la maison et surtout, lequel! Naïvement, et comme j'avais été briefée au préalable chez moi, j'avais à livrer une réponse toute faite à tout curieux qu'il soit en robe noire, en soutane, avec le crayon sur l'oreille ou autre (car ma mère elle-même avait déjà été confrontée à pareille inquisition durant sa scolarité avant-guerre). C'est dire l'importance et surtout, cette insistance qui sévissait pour savoir qui informait les gens.  Et, pour ne pas culpabiliser avec ces "trucs" de grandes personnes, mère nous absolvait d'avance en décrétant que de mentir à quelqu'un (et plus encore s'il s'agissait d'un religieux!), pouvait être assimilé à un péché certes, l'ignorance: non.

 

   - Mais celles qu'il était bien plus difficile de berner, c'étaient bien les soeurs garde-malades. Car elles, elles entraient dans les maison afin de prodiguer leurs soins. 

 

   - Il y en avait notamment une -mais je tairais son nom ici, ou plutôt son surnom-, qui ne se gênait pas pour dire qu'il serait préférable, plus catholiquement correct sans doute, d'opter pour tel autre journal alsacien. C'est que, l'opinion qu'elle se forgeait à ce sujet en pénétrant dans une maison influençait -paraît-il-, sa manière et la vigueur avec laquelle elles administrait les piqûres. Les hommes les redoutaient plus que le mal dont ils souffraient, disait-on. 

 

   - Aloyse Meyer, mon grand-père maternel, avait pour coutume de dire à qui voulait l'entendre que, combinant le métier de tisserand avec un train de culture, il ne lui restait guère de temps pour lire le journal. Hum...., hum...., alors qu'il se ruait sur les nouvelles fraîches en même temps qu'il plongeait ses tartines dans son bol de café, généreusement additionné du lait de ses vaches qu'il venait de traire.

 

   - Que le journal était juste indispensable? Oh pour ça, oui! Tout le monde en avait besoin et un usage annexe dans la maison; qui pour allumer la cuisinière à bois le matin, grand-mère s'en servait pour nettoyer les vitres associé à du vorlauf de schnaps, d'autres encore en glissaient un ou deux cahiers sous leur pull, la protection idéale (et la seule véritablement efficace) contre le froid cinglant en hiver lorsqu'ils s'en allaient pédaler vers l'usine ou l'atelier, ..... et j'en passe. 

 

   - Mais..... l'usage, et surtout le circuit du papier-journal ne s'arrêtait pas là. Les pages une fois lues, étaient soigneusement déchirées en quatre et finissaient au crochet dans les tinettes ou les cabanes (schiss-hislas!) baptisées pudiquement "N° 100", trônant au fond des jardins ou coincées entre le poulailler et la porcherie ou le fumier. Durant des décennies, le papier-journal était le produit d'hygiène de référence, que dis-je, l'indispensable, le vital! .... à se demander comment s'y prenaient les gens qui n'étaient abonnés à aucun d'entre eux...

 

   - Ceci pour évoquer la destination finale des "Dernières Nouvelles d'Alsace", le produit phare présent dans le quotidien de plusieurs générations, à plusieurs titres.

 

   - Lorsqu'en 2010 j'ai choisi de me re-poser à Hilsenheim, village où j'ai grandi, dans ce berceau familial acquis en 1920 par mes grands-parents, document à l'appui et rédigé par Me Eric de Dadelsen alors notaire établi à Muttersholtz et père du poète Jean-Paul de Dadelsen, j'ai repris à mon compte, l'abonnement aux DNA, toujours en version allemande, malgré son côté édulcoré depuis un certain temps, par besoin informel, plaisir ..... et sans doute aussi pour perpétuer une tradition bien ancrée et vieille de près d'un siècle. Na ja.....

 

 

Micheline

 

(Octobre 03/2017)



03/10/2017
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