et les beatles chantaient

"Petites Mains" (Petits Fragments d'anecdotes von friajer)

 

 

Au préalable, la Dànda ...Fine (abréviations de Joséphine. Ahh...., ces alsaciens qui découpent et souvent amochent les prénoms en les "arrangeant", ces prénoms qui reviennent en force actuellement) s'arrêtait à l'épicerie de Sch. Jeanne avant de venir chez nous, passer une bonne partie de l'après-midi, courbée sur un mystérieux et invisible ouvrage, assise à un bout de la table de la cuisine.

Elle conversait d'une voix douce avec ma mère sans jamais vraiment relever la tête, ses mains travaillaient à tricoter des "bandeaux"  ("bandl-schdrégga") ou à crocheter des filets. Ces filets destinés à plaquer et à protéger les coiffures pendant le sommeil des femmes et les chignons durant toutes la journée, à l'image de celui de Sch. Jeanne qui devait tenir en forme toute la semaine. Je n'ai jamais vu ma mère s'affubler de cet accessoire, les chevelures ont du se libérer petit à petit, et les femmes s'affranchiront de cet accessoire qui se vendait pourtant encore en droguerie jusque dans les années 70. Toutefois, leur fabrication a sans certainement été mécanisée entretemps.

Tante Fine ne manquait jamais de nous apporter une friandise - toujours la même-, une barre de Malakoff, à mon frère et à moi. Emballée individuellement dans un papier cuivré métallisé, cette petite bûchette faite de chocolat au lait, emprisonnait des morceaux de noisettes. Pour l'époque, sans aucun doute, c'était luxueux comme formule et comme présentation. J'aimais le goût particulier de ce chocolat au lait onctueux et fondant, mais j'avais plus de mal avec les noisettes et aujourd'hui encore, je ne raffole toujours pas du chocolat aux noisettes.

De la tante Fine, je me souviens de la silhouette sombrement vêtue, plus du tout de son visage qu'elle relevait rarement d'au-dessus de ses mains qui bougeaient inlassablement et presqu'imperceptiblement sur son mystérieux ouvrage.

Mais du climat de sérénité et de douceur qui nimbait la pièce lorsqu'elle était présente, ça oui, je le perçoit toujours encore en me remémorant cette scène. Il devait y avoir beaucoup d'amour et de connivence aussi entre ma mère et Fine, sa tante, et cela rejaillissait sur nous, les enfants qui jouiions à leurs pieds, dans la quiétude de la cuisine dans notre ancienne maison alsacienne.

Il y a déjà une éternité -bien plus d'un demi-siècle-, que Dànda Fine repose au cimetière de Hélsa. Je me rappelle de sa tombe, petit rectangle de terre agrémenté de ces fleurs basses pendant la belle saison, rouges-roses, et plus spécifiquement dédiées à ces lieux du souvenir. Une simple croix en bois, chapeautée d'un triangle de tôle noire, aux bords joliment ouvragés, à sa tête.

Il y a bien une bonne vingtaine d'années de cela, alors que j'aidais ma mère à déposer les pots de chrysanthèmes à la veille d'une Toussaint, elle tenait à me montrer en me confiant ce qui la chagrinait secrètement. Lorsque, au bout de trente années, la concession de la tombe de Dànda fine fût reprise par la famille K., la mairie leur avait alors demandé de se "pousser" d'un cran afin de compléter et d'aligner plus harmonieusement la rangée des tombes. Ce qu'à l'heure actuelle, cette encoche nue sous laquelle repose Tante Fine, est restée vide et tout un chacun peut marcher dessus. Le 2 novembre, jour des Morts, ma mère allait se recueillir devant cette parcelle anonyme, la dernière demeure de sa Tante Fine, même si ça pouvait sembler saugrenu aux yeux d'éventuels témoins de cette scène insolite. J'avoue qu'il m'arrive parfois d'en ôter les mauvaises herbes lorsqu'elles deviennent trop hautes ou envahissantes, un geste de respect que je perpétue bien modestement.

Est-ce que ça aurait à voir, mais lorsque mon père s'éteignait en 1993, il nous a fait promettre qu'on irait lui choisir un emplacement au cimetière où il pourrait reposer tranquille, la tête tout contre un mur, afin que personne ne lui marche dessus... 

 

(légèrement remanié en Avril 2015)

 

D'r  èmil'

Un peu plus tard, il y eût les rencontres avec Emile qui tenait son petit atelier de sellier-bourrelier entre le restaurant du coin et la boulangerie. Combien de sacs d'école, de lanières, de poignées a-t-il sauvé et donc prolongé leur vie?!

Pour la réparation du cartable  il n'y avait pas de délai, il faisait tout, tout de suite et sous nos yeux fascinés. Avec quelle facilité et agilité il piquait, cousait cette matière rigide et rebelle dont était fait le cuir de nos sacs?

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octobre 15/2012

 

Lüüü, le Facteur.

 

Le facteur Louis, que les villageois appelaient communément Lüüü, pouvait en imposer sur son destrier à saccoches, garnies de lettres. Il arborait un uniforme bleu nuit qui tranchait avec sa chevelure drue que je lui ai toujours connue blanche. 

 

Malgré ce harnachement quelque peu imposant et encombrant mais qu'à mes yeux, on sentait la méthode et l'assurance qui signait ses tournées quotidiennes et Lüüü transpirait à lui tout seul, la disctinction, la pondération, sans omettre de souligner sa discrètion et sa  gentillesse. Et c'est avec sérieux -mais le sourire n'était jamais bien loin-, qu'il distribuait les bonnes comme les mauvaises nouvelles, des paquets -parfois-, les sous de la pension des anciens et des invalides,... et des sourires empreints de bonté.

 

Certains mercredis matins car à mon époque, on avait le jeudi de libre, il m'arrivait de changer d'itinéraire pour me rendre à l'école et de passer par la rue Croisée plutôt que par le Illa-gassl' (la rue des Hiboux rebaptisée rue des Lilas depuis belle lurette), dans l'espoir de croiser Lüü sur mon chemin.

 

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15/10/2012
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